Alfa Ndiaye est un tirailleur sénégalais : il s’enrôle avec son ami d’enfance dans l’armée coloniale française et rejoint les tranchées de la Grande Guerre. Sur le champ de bataille, Mademba, son « plus que frère », est tué par l’ennemi. Ce deuil joint à la barbarie de la guerre met à mal l’équilibre mental d’Alfa qui se lance alors dans un rituel sanguinaire pour tenter de venger son ami et se délivrer de sa culpabilité.
À tout juste vingt ans et même s’il s’exprime avec naïveté, Alfa pose un regard à la fois lucide et arrogant sur le monde qui l’entoure. Il parle du racisme et de l’hypocrisie de cette guerre qui transforme les hommes en chair à canon. Peu à peu, l’horreur des combats laisse place aux souvenirs d’enfance au Sénégal. Alfa raconte son amitié avec Mademba et dresse le portrait de son père ainsi que celui de sa mère disparue, dont le sort cruel hante encore et toujours le jeune soldat.
Transcrite par la main de David Diop, la voix d’Alfa Ndiaye mène un récit cru, brutal mais touchant. Les tics de langage qui martèlent les confidences du narrateur finissent par nous apprivoiser et susciter notre empathie. Mais bien que ce court roman se lise avidement, ce sont l'ambiguïté et l'onirisme qui s'emparent des dernières pages qui auront le dernier mot quant à l'appréciation de cette lecture, ne laissant pas indemne la sensibilité de chacun et chacune.
L’auteur :
Né en 1966 à Paris, David Diop passe une partie de son enfance au Sénégal. Il est actuellement maître de conférence en littérature à l’université de Pau. Il remporte le Prix Goncourt des lycéens et le prix Man-Booker avec Frère d’âme, son deuxième roman.